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  • Avec ses partenaires, la Fondation Aga Khan met en œuvre un programme financé par l’Union européenne dont l’objectif est d’aider les agriculteurs tadjiks à améliorer leurs cultures de pomme de terre et protéger leurs moyens de subsistance.
    AKDN / Christopher Wilton-Steer
Fondation Aga Khan
Cultiver plus avec moins : améliorer la sécurité alimentaire et les revenus dans les régions de montagne du Tadjikistan

Le petit village d’Imbef se situe dans les montagnes de la région de Sughd, au Tadjikistan. Dans cette localité tapie à plus de 2 000 mètres au-dessus du niveau de la mer, le climat est froid et sec et les terres arables se font rares. Pour les autochtones, cultiver des terres est un défi permanent, pourtant, ils sont beaucoup à dépendre de l’agriculture à la fois comme source de revenus et source de nourriture.

Les agriculteurs locaux cultivent principalement des pommes de terre et élèvent du bétail. En raison du faible nombre de terres disponibles, il est essentiel pour eux de cultiver des produits de qualité s’ils souhaitent avoir de bons rendements. Abdusamad, un villageois, évoque la problématique :

« Notre village ne compte que très peu de terres (seulement 11 hectares de terrain cultivable, dont 10 sont réservés à la pomme de terre), et nous cultivons exclusivement des pommes de terre pour répondre à nos besoins tout au long de l’année. Cependant, au cours des dernières années, la dégradation de la qualité des plants a entraîné une baisse de rendement. »

La culture de la pomme de terre nécessite la mobilisation d’une importante main-d’œuvre, et les agriculteurs doivent produire de grandes quantités s’ils souhaitent répondre aux besoins de tous les habitants du village et stocker une partie de leurs récoltes en vue de repiquer les plants à la saison suivante. Par exemple, Abdusamad doit produire 1,5 tonne de pommes de terre par an uniquement pour nourrir sa famille. Il lui faut donc produire davantage s’il souhaite repiquer une partie des plants et les revendre. Toutefois, au cours des dernières années, les cultures de pommes de terre ont non seulement diminué, mais ont également perdu en qualité. Aujourd’hui, « les agriculteurs abandonnent la culture de la pomme de terre en raison du manque de plants de qualité ».

Dans ce contexte, la Fondation Aga Khan (AKF) travaille avec plusieurs partenaires, la coopérative SAROB, ACTED, Camp Kuhiston et le Programme de soutien au développement des communautés des régions de montagne (MSDSP), afin de mettre en œuvre un programme financé par l’Union européenne et conçu pour aider les agriculteurs à améliorer leurs rendements et ainsi leur permettre de renforcer la sécurité alimentaire de leur famille et de bénéficier de régimes plus nutritifs, mais également de protéger leurs moyens de subsistance. Le Programme « Améliorer les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire par la gestion durable des ressources naturelles » a aidé 15 agriculteurs à créer un groupement de producteurs et un fonds renouvelable d’intrants agricoles (AIRF). Le programme a notamment permis l’envoi d’une variété particulière de plants de pommes de terre « Big Rose » à l’AIRF. Le principe de l’AIRF est simple : les membres peuvent « emprunter » une certaine quantité de plants afin de les cultiver et, une fois qu’ils ont amélioré leur rendement, rendent des plants au fonds afin que d’autres agriculteurs puissent en profiter. Des formations aux dernières méthodes de culture, de stockage et de prévention des maladies de la pomme de terre ont également été organisées.

Les pommes de terre « Big Rose » sont parfaitement adaptées au climat de la région de Sughd. Auparavant, lors d’une bonne année, les agriculteurs produisaient environ 2,2 tonnes de pommes de terre par dixième d’hectare. Grâce à cette nouvelle variété, Abdusamad a pu récolter 5,3 tonnes la première année, soit plus du double de sa meilleure récolte. Avec un tel rendement, il a pu rendre 800 kilos de plants de pommes de terre à l’AIRF, qui les a ensuite distribués à quatre autres agriculteurs.

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Plus de 10 000 agriculteurs ont amélioré leurs connaissances en matière de gestion des terres agricoles et ont intégré le fonds renouvelable du programme.
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AKDN / Christopher Wilton-Steer

Jumagul Halimova, une autre résidente d’Imbef, explique comment l’AIRF l’a aidée :

« En 2016, en raison d’une mauvaise récole, le stock de pommes de terre de notre famille s’est épuisé l’hiver venu. Mon mari a ainsi dû émigrer en Russie pour travailler. Au printemps 2018, j’ai reçu 200 kilos de plants de « Big Rose » par l’intermédiaire de l’AIRF. Avec cette variété, j’ai récolté 3,2 tonnes de pommes de terre par vingtième d’hectare, et ai donc pu rendre 400 kilos de plants à l’AIRF. »

Sur la base des résultats très prometteurs obtenus à ce jour, les experts pensent que la culture de la pomme de terre augmentera dans les années à venir à mesure que les variétés s’adapteront aux conditions climatiques de la région. Le principe de l’AIRF est de partir d’un petit apport initial afin d’aider de plus en plus d’agriculteurs à cultiver des pommes de terre de meilleure qualité, et ainsi leur permettre de nourrir leurs familles, d’améliorer leurs moyens de subsistance et, à terme, de renforcer leur qualité de vie.

Depuis juin 2016, le Programme « Améliorer les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire par la gestion durable des ressources naturelles » travaille directement auprès de plus de 800 agriculteurs et les aide à planter des vergers, produire des plants de pommes de terre et des légumes, transformer des produits laitiers ou encore cultiver des cynorhodons. D’autres activités ont également permis à plus de 10 000 agriculteurs d’améliorer leurs connaissances en matière de gestion des terres et d’intégrer le fonds renouvelable.

Ce texte est une adaptation d’un article publié sur le site internet de la Fondation Aga Khan Royaume-Uni.